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Mathématiques : l’indispensable apprentissage à préserver au sein des systèmes éducatifs pour être acteur du monde de demain

Capgemini Invent
18 octobre 2022
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Grand nombre d’instruments et d’outils que nous utilisons au quotidien nous délestent de savants calculs permettant d’obtenir les résultats escomptés ; pourtant, les mathématiques sont partout.

Souvent objet de railleries lorsque les étudiants et jeunes diplômés se les remémorent, elles jouissent d’une réputation lourde à porter. Enseignées dès le plus jeune âge, récemment mises à l’épreuve des derniers changements de programme au lycée, elles sont pourtant essentielles au développement intellectuel des enfants, des règles de trois pour les recettes de cuisine au calcul des taux d’intérêts de leurs premiers prêts bancaires.

Un rôle capital dans le monde d’aujourd’hui

Les mathématiques jouent ensuite un rôle capital pour l’économie dans de nombreux secteurs : physique-chimie, biologie, énergie, agriculture, transports ou encore information des données. Ces quarante dernières années ont été rythmées par des innovations qui ont révolutionné notre façon de faire et qui promettent encore des avancées surprenantes : l’informatique quantique par exemple permettra bientôt de résoudre en quelques secondes certains problèmes que l’informatique actuelle ne résoudrait pas en des milliers d’années. Ces avancées scientifiques effraient autant qu’elles rassurent. Certains y voient une perte de contrôle quand le CNRS, au contraire, y voit un apport indéniable de valeur ajoutée en estimant dans sa nouvelle étude sur l’impact économique des mathématiques que la proportion des emplois salariés dont l’activité principale est en lien avec les mathématiques représente désormais 13 % des emplois et 18 % du Produit Intérieur Brut (PIB) français, contre respectivement, 12 % et 16 % en 2012.

Ce bouleversement provoqué des modèles économiques actuels a pour conséquence de faire apparaitre de nouveaux métiers, pour lesquels le développement de compétentes en statistiques et en traitement des données joue un rôle majeur : les entreprises, face aux défis liés à l’intelligence artificielle, aux modèles algorithmiques, au Machine Learning, à l’optimisation sont à l’affut des profils qui leur permettront d’y répondre et voient en l’allègement de l’enseignement des matières scientifiques ou des plateformes et débouchés offerts par les écoles d’ingénieurs une diminution de leur vivier de candidats potentiels.

« La dynamique que nous vivons dans les métiers de la tech et de la data est exceptionnelle. Trouver de nouveaux talents est un challenge pour les entreprises et le renforcement des filières scientifiques et technologiques est clef pour alimenter le formidable écosystème de la French Tech »

Ali Kefia, Directeur au sein de l’entité Data de Capgemini Invent

Au fil des années, un enseignement des mathématiques de plus en plus réduit

Bien que l’excellence de la recherche mathématique française soit mondialement reconnue, la proportion de temps consacrée à l’apprentissage de la science et de la technologie dans l’éducation, notamment à l’école primaire, a toujours été moindre que chez ses pays voisins, et n’a cessé de se réduire dans les petites classes depuis 1945. La France n’amène que 2 % de ses élèves au niveau avancé en mathématiques alors qu’ils sont en moyenne 11 % dans les pays de l’UE et de l’OCDE ; chiffres résultants d’une baisse significative des résultats des élèves constatée entre 1995 et 2019.

La réforme du lycée de 2019 s’inscrivait dans cette lignée, puisqu’elle supprimait les mathématiques du tronc commun d’enseignement des classes de premières et terminales, les rendant ainsi optionnelles, laissées au libre arbitre des élèves.

Les premières victimes de cette réforme étaient les filles pour lesquelles un accroissement des inégalités avec les garçons avait été constaté puisque seulement 40% d’entre elles choisissaient l’option mathématiques. Bien que la parité dans les filières scientifiques soit quasiment respectée avec 45,9% de femmes en licence et 43,5% en master, on s’aperçoit tout de même que les femmes désertent les filières dites “techniques”, telles que les mathématiques (23% en master) ou la mécanique (18,3% en licence).

L’égalité des sexes dans les métiers liés aux nouvelles technologies ou dans les carrières de chercheurs est d’autant plus un combat d’actualité et représente, de surcroit, un énorme manque à gagner pour l’économie : 610 à 820 milliards d’euros d’ici 2050 selon le rapport “Les femmes au cœur de l’économie”, remis en janvier 2020 dernier aux pouvoirs publics. Face à la levée de boucliers provoquée, cette réforme n’aura pas été de longue durée puisqu’un programme de mathématiques pour tous, renommé « enseignement scientifique et mathématique » sera réintégré au tronc commun du baccalauréat dès septembre 2023. 

Les entreprises ont aussi un rôle à jouer dans la promotion des métiers scientifiques

Comme rappelé dans un précédent article sur la responsabilité éducative des entreprises : de par leur rôle d’actrices de la transformation digitale, les entreprises sont aussi responsables de la caducité de certaines formations qui n’arrivent pas à suivre l’évolution rapide des besoins du marché du travail et des compétences associées ; elles ont ainsi un rôle à jouer dans la formation de leurs talents. À l’instar de la Fondation L’Oréal et de leur programme de formation pour aider les femmes à promouvoir leurs travaux de recherche, accroître leur notoriété et défendre leur importance en science, l’Ecole by Capgemini s’engage aussi avec un programme développement de compétences scientifique et numérique ouvert à tous. L’objectif est de développer les différentes filières autour des métiers et/ou technologies à fort potentiel et en constante évolution, comme le rappelle le Directeur Général du groupe Capgemini, Aiman Ezzat :

«Le premier facteur limitant de la transformation numérique demeure le manque de talents disponibles. Les entreprises ont un rôle à jouer : elles peuvent contribuer à adapter les formations, en créant des parcours de développement plus courts, plus ciblés, plus personnalisés, c’est ce que nous faisons chez Capgemini.»

Aiman Ezzat, Directeur Général du groupe Capgemini

Ce nouveau rôle des entreprises interroge ainsi l’adéquation entre les compétences proposées par l’enseignement universitaire et les besoins réels des entreprises ; d’autant que c’est justement cette capacité de la population à maîtriser ces matières et enjeux qui permettra à la France de préserver une place de leader mondial.

Un article rédigé par Léa Giroulet, Consultante, et Jean-Baptiste Perrin, Vice-Président, au titre de la communauté Éducation de Capgemini Invent