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Cloud et 5G : les deux agents indissociables de la révolution de la donnée

Capgemini
4 juin 2020

Avec la 5G, cloud et télécoms vont fusionner pour créer un univers interconnecté, qui génèrera des quantités colossales de données.

Maîtriser techniquement ces données, avoir la culture appropriée pour les exploiter et en conserver le contrôle sont les trois dimensions d’une révolution dont les entreprises doivent d’urgence prendre la mesure.

Plus de vitesse, plus de débit, plus de puissance. Par commodité, on présente souvent la 5G comme une simple amélioration des réseaux sans fil existants. On a parfois tendance à sous-estimer l’ampleur de la révolution qui s’annonce. Au mieux, la 5G apparaît comme une avancée intéressante, que l’on prendra le temps d’évaluer, au pire comme une prouesse technologique superflue, sur laquelle on pourrait faire l’impasse. Pourtant, que l’on ne s’y trompe pas : la 5G et le cloud constituent un continuum qui va remodeler en profondeur nos sociétés connectées.

Des cas d’usage sont déjà en préparation.  Par exemple le Retail 4.0 conduit à la création de pratiques commerciales plus efficaces et productives à l’aide de différentes technologies comme l’IoT, le machine learning ou la reconnaissance d’image. Dans une grande surface 4.0 on peut collecter 10GB de données à la minute. La blockchain fera partie du marché mondial de la vente de détail où les origines, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, et les prix seront traités à l’aide d’un registre transparent.

Cloud et 5G, un continuum de la donnée à l’utilisateur

Les données sont la clé des changements à venir. Grâce à la virtualisation des ressources et l’automatisation à l’extrême, les infrastructures IT sont devenues invisibles, et si résilientes que l’on peut transformer les matériels télécoms les plus critiques en logiciels. Grâce à cette virtualisation des fonctions réseaux (NFV) : cloud et 5G fusionnent pour donner naissance à un « cloud 5G » continu de la donnée à l’utilisateur final. De plus, la 5G associée aux technologies Edge permettront des communications locales sans passer par une infrastructure centralisée.

Une autre caractéristique importante de la 5G est le « Network Slicing ». Il s’agit de fournir un service réseau dont les caractéristiques sont spécifiques à la nature de l’usage qui en est fait. Par exemple : un acte de télémédecine requiert une fiabilité beaucoup plus importante que la visualisation d’une chaîne YouTube. Cette adaptation se fait en utilisant les technologies SDN (Software-Defined Networking) et NFV. Ces deux approches complémentaires ont révolutionné la façon de mettre en œuvre et d’opérer les réseaux.

Autrement dit, un océan de données sans barrières ni frontières, qui sera bientôt constellé de dizaines de milliards d’îlots connectés : capteurs de l’internet des objets (IoT), terminaux mobiles, systèmes embarqués, tant dans le domaine industriel que personnel. Chacune de ces sources sera autant productrice que consommatrice d’informations. Il en résultera une masse de données sans commune mesure avec ce que nous connaissons aujourd’hui, à la fois en termes de volume, de vélocité et de variété. Ce qui affectera l’ensemble du cycle de vie du réseau télécom, y compris la planification, la conception et le déploiement des services distribués et les opérations quotidiennes.

L’automatisation et l’orchestration joueront un rôle essentiel en aidant les opérateurs à relever ces défis. Cette révolution industrielle s’appuiera à son tour de plus en plus sur l’Intelligence Artificielle et le Machine Learning pour automatiser entièrement la plupart des processus opérationnels.

De l’architecture au développement, l’IT réinventée

Ce tsunami de données va changer la magnitude et la criticité des questions usuelles : comment les capter, les acheminer, les stocker, les traiter, les sécuriser ? Une partie de la réponse passera par une réflexion sur la topologie des infrastructures, qui seront distribuées entre terminaisons, ressources proches (Edge Computing), data centers locaux (core cloud) et cloud public.

Cette architecture des ressources étant fonction des données à traiter et de leur utilisation, elle sera elle-même dynamique. Ceci nécessitera de faire évoluer les modèles d’exploitation avec davantage d’automatisation pour les systèmes et d’agilité pour les organisations. Enfin, la masse de données accessible par cette topologie distribuée, et la possibilité de s’appuyer sur des infrastructures opérées et sécurisées en Edge va également impacter le fonctionnement et le développement des applications, qui devront pouvoir suivre la créativité – et l’exigence ! – des utilisateurs.

La data, une révolution culturelle

Du lycéen au chirurgien, du chercheur au technicien, les utilisateurs sont déjà le moteur de l’innovation avec les technologies actuelles, et ils le seront encore davantage à l’ère du cloud 5G. Au travers de leurs usages, ils seront les premiers à assimiler que cette révolution, plus encore que technologique, sera culturelle. Comme eux, pour imaginer tout ce qu’il sera possible de faire avec tant de données, il faudra devenir « data-centrique ».

Grâce à ses capacités de traitement plus proches de la source, le Edge Computing sera un chemin stratégique pour aider à conduire cette transformation. Après le cloud souverain, elle devient le nouveau terrain de bataille entre les opérateurs de télécom et grands opérateurs de cloud. Savoir en tirer parti pour créer de la valeur exigera un état d’esprit approprié. Elles devront réinventer leurs capacités d’innovation de manière à pouvoir concevoir des cas d’usage fondés sur les données, les prototyper rapidement pour les valider, puis les passer au plus vite à l’échelle pour en tirer tous les bénéfices.

Les opérateurs de cloud en position de force

Dans ce contexte, la compétition va changer de visage : celui qui captera la donnée, qui la contrôlera, pourra entraîner ses intelligences artificielles, délivrer des services radicalement supérieurs à ceux de ses concurrents et prendre sur eux une avance irrémédiable. La question de la sécurité et du contrôle des données est déjà très sensible dans des domaines tels que la santé, la finance ou l’automobile.

Avec le continuum cloud/5G, elle va devenir plus critique encore. Incontournables pour la flexibilité de déploiement des infrastructures, voire possédant leurs propres réseaux fibre ou satellite, les grands opérateurs de cloud accumulent une quantité colossale de données, avec la 5G les opérateurs télécom auront le contrôle des infrastructures qui produisent ces données. Si de nouveaux équilibres économiques entre opérateurs télécom et opérateurs de cloud avec la 5G seront trouvés, les États et les acteurs économiques doivent donc être extrêmement vigilants à ce que l’essor de la 5G et du cloud n’entraîne pas des déséquilibres et des dépendances irrémédiables.

Par un étrange concours de circonstance, l’épidémie du coronavirus est survenue au moment même où de nombreux pays s’apprêtaient à déployer la 5G. En plus de mettre en pause de ce processus, elle a remis en lumière l’importance des questions de souverainetés et rappelé le poids des hyperscalers dans la vie quotidienne. Ces circonstances sont peut-être l’occasion pour les décideurs politiques et économiques de prendre la mesure de la révolution qui vient et, à leur échelle, de s’y préparer.

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