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Les paiements de compte à compte et les paiements instantanés devraient susciter une nouvelle vague d’innovation

10 sept. 2024
  • Seules 5 % des banques sont prêtes à accélérer les paiements instantanés
  • Les paiements instantanés de compte à compte pourraient avoir un impact de 15 à 25 % sur la croissance des transactions par carte.

Paris, 10 septembre 2024 – D’après le World Payments Report 2025, publié aujourd’hui par le Capgemini Research Institute, le secteur des paiements est en passe d’être repensée par l’arrivée des paiements instantanés et de compte à compte. Le rapport, qui fête cette année sa 20e édition, prévoit que les paiements instantanés représenteront 22 % de l’ensemble des volumes de transactions dématérialisées d’ici à 2028.

Depuis la publication du premier World Payments Report en 2004, le secteur des paiements a connu une transformation spectaculaire. Les technologies numériques, telles que les portefeuilles, les paiements de pair à pair (P2P) et les paiements sans contact, sont devenues de plus en plus répandues. Les réglementations ont également joué un rôle crucial en stimulant l’innovation et en garantissant la protection des consommateurs. En conséquence, l’écosystème des paiements est aujourd’hui plus connecté, harmonisé, efficace et sécurisé que jamais.

Les transactions dématérialisées en plein essor, avec l’Asie-Pacifique en tête

Les volumes de transactions dématérialisées ont atteint 1 411 milliards en 2023 et sont en passe d’atteindre 1 650 milliards en 2024. Les consommateurs d’aujourd’hui préférant adopter une expérience de paiement sans friction, cette tendance devrait se poursuivre puisque les transactions dématérialisées devraient atteindre 2 838 milliards d’ici à 2028.

Aujourd’hui, l’Asie-Pacifique se distingue comme l’une des régions à la croissance la plus rapide pour les transactions dématérialisées, avec une augmentation de 20 % sur un an en 2024, contre 16 % en Europe et 6 % en Amérique du Nord. À l’échelle mondiale, 77 % des dirigeants du secteur considèrent que la croissance du e-commerce est le principal moteur de l’expansion des transactions dématérialisées.

Les paiements de compte à compte viennent défier les systèmes de cartes traditionnels

Les solutions de paiement instantané de compte à compte (Account-to-Account ou A2A) offrent un moyen de paiement plus rapide et plus économique, en contournant les onéreux réseaux de cartes. Leur popularité croissante menace de remettre en cause la prédominance des cartes de paiement traditionnelles : le rapport estime qu’elles pourraient réduire de 15 à 25 % la croissance à venir du volume des transactions par carte. Les commissions interbancaires et les frais bancaires étant une source de revenus essentielle pour les institutions financières, celles-ci pourraient considérer qu’il s’agit là d’un risque important, susceptible d’entraîner des pertes de revenus de plusieurs milliards pour les opérateurs historiques du secteur.

Le portefeuille numérique Wero de l’European Payments Initiative devrait accélérer l’adoption des paiements de compte à compte (A2A), 37 % des responsables européens des paiements prévoyant qu’il devrait sensiblement réduire la croissance des transactions par carte en Europe d’ici à 2027.

« L’augmentation continue des transactions dématérialisées constitue un tournant pour les banques et les prestataires de services de paiement. Les données indiquent que l’on se dirige inévitablement vers des paiements instantanés et ouverts, a déclaré Jeroen Hölscher, responsable mondial des services de paiements chez Capgemini. Les progrès réalisés avec Pix au Brésil et UPI en Inde montrent clairement que le succès dépend de la collaboration entre les secteurs privé et public. Si certaines institutions financières peuvent moderniser leur centre de paiement existant ou s’appuyer sur des infrastructures bancaires partagées, il n’en reste pas moins que les consommateurs exigent l’instantanéité et que les entreprises sont demandeuses et prêtes à payer une prime pour des solutions innovantes qui résolvent véritables leurs problèmes. Le moment est venu de mettre en place ces fondations ».

Les institutions financières ne sont pas préparées à l’avènement des paiements instantanés

Deux cadres dirigeants sur trois du secteur des paiements considèrent que l’expansion des paiements instantanés est essentielle pour stimuler les transactions dématérialisées. Par conséquent, les banques doivent surfer sur la vague des paiements instantanés. Cependant, la majorité des responsables des paiements interrogés dans le cadre de notre enquête se disent inquiets de la fraude, ce qui est un frein : les banques ne disposant pas de défenses solides, et craignant des problèmes de liquidité potentiels, beaucoup choisissent de recevoir mais pas d’envoyer des paiements instantanés. Aujourd’hui, d’après le rapport, seules 25 % d’entre elles peuvent recevoir des paiements instantanés et 53 % sont en mesure à la fois de les envoyer et de les recevoir.

Pour ce rapport, Capgemini a évalué les résultats de plusieurs enquêtes portant sur divers paramètres business et technologiques[1] afin de comprendre le niveau de préparation des banques à l’adoption des paiements instantanés. Seulement 5 % des banques font preuve d’un haut niveau de préparation business et technologique pour consolider leur position de leader dans l’adoption des paiements instantanés. En particulier, seules 13 % des banques européennes peuvent se prévaloir d’une base technologique solide pour les paiements instantanés. Cette question est particulièrement cruciale pour les banques et les prestataires de services de paiement de l’UE, compte tenu de l’échéance d’octobre 2025 fixée par le règlement sur les paiements instantanés (RPI), qui impose à tous d’offrir une fonctionnalité complète d’envoi et de réception de paiements instantanés.

Pour les responsables de la trésorerie des entreprises des secteurs de l’assurance, de la grande distribution et de l’automobile, l’inefficacité des processus de gestion des comptes fournisseurs et des comptes clients est à l’origine d’un important problème de trésorerie. Plus de 80 % des entreprises utilisent encore des processus manuels, basés sur le papier, pour le rapprochement des comptes, ce qui fait que près de 7 % des recettes de l’entreprise sont bloquées dans la chaîne de valeur. Cela se traduit potentiellement par des milliards de dollars bloqués qui pourraient être utilisés pour financer les activités de l’entreprise. Les paiements instantanés et la finance ouverte[2] (Open Finance) peuvent représenter une nouvelle voie à ces entreprises en leur offrant une visibilité en temps réel de leur trésorerie.

La finance ouverte en est aux premiers stades d’adoption au niveau mondial

La directive européenne sur les services de paiement (PSD2) de 2018 a été l’un des principaux moteurs de transformation du secteur ces deux dernières décennies. En promouvant le système bancaire ouvert (Open Banking), elle a ouvert la voie au mouvement actuel de la finance ouverte (Open Finance), en plein essor. Le rapport souligne la façon dont la finance ouverte donne du pouvoir aux consommateurs et aux entreprises, en catalysant l’adoption des paiements instantanés. Malgré son immense potentiel pour remodeler le secteur financier, les progrès sont actuellement limités en raison des différences entre les cadres réglementaires et les initiatives du marché. L’Australie, le Brésil, l’Inde et Singapour sont quelques-uns des rares pays à prendre des initiatives pour rendre le partage des données plus accessible et plus pratique pour les particuliers et les entreprises qui participent à un système financier ouvert.

Selon le rapport, les institutions financières éprouvent des difficultés à adopter pleinement la finance ouverte en raison de problèmes liés à des API non standardisées, à un contrôle limité de l’utilisation des données et à un manque d’incitation à partager les données avec des tiers. Seules 17 % des banques sont à un stade avancé où elles pilotent ou lancent des produits de finance ouverte, tandis que 39 % sont dans la phase de planification et mènent des évaluations d’impact. Par ailleurs, 23 % des banques restent hésitantes dans l’attente d’une clarification de la réglementation.

Méthodologie du rapport

Le World Payments Report 2025 s’appuie sur les enseignements de deux sources principales : l’enquête mondiale sur les entreprises 2024 et les enquêtes et entretiens menés en 2024 auprès des cadres dirigeants du secteur bancaire et des paiements. Ces sources de recherche primaire couvrent 15 marchés : Allemagne, Arabie Saoudite, Australie, Brésil, Canada, Espagne, États-Unis, France, Hong Kong, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Singapour et Suède. L’enquête mondiale auprès des entreprises a interrogé 600 trésoriers d’entreprise issus de trois secteurs : l’assurance, la grande distribution et l’automobile. Elle a exploré les facteurs influençant les perturbations dans les paiements, les attentes des trésoriers d’entreprise, leur niveau de satisfaction, leurs relations avec les banques, les défis de la gestion de trésorerie et les services de paiement émergents tels que les cas d’usage basés sur les paiements instantanés et les systèmes de trésorerie en temps réel. Les participants ont également donné leur avis sur la maturité des paiements instantanés et l’automatisation des comptes clients et fournisseurs. Le rapport comprend également des enseignements issus d’entretiens et d’enquêtes ciblés menés auprès de plus de 200 dirigeants de banques de premier plan (de niveau I et II), d’organisations de services financiers, de prestataires de services de paiement, d’associations sectorielles et de banques centrales représentant les trois régions : les Amériques, l’Europe, l’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient.


[1] L’état de préparation business des entreprises est mesuré en évaluant la stratégie de tarification des paiements instantanés, la stratégie de partenariats pour développer les paiements instantanés, le mécanisme de résolution des litiges, le cadre de gestion des risques, etc. L’état de préparation technologique est mesuré en évaluant la capacité de traitement en temps réel, l’intégration d’API, l’adoption de la norme de messagerie ISO20022, la détection de la fraude par l’IA et la confirmation des données du bénéficiaire. La matrice est basée sur les réponses des responsables des paiements de 15 marchés étudiés : Allemagne, Arabie Saoudite, Australie, Brésil, Canada, Émirats arabes unis, Espagne, États-Unis, France, Hong Kong, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Singapour et Suède.

[2] La finance ouverte (Open Finance) s’appuie sur le concept de banque ouverte (Open Banking) pour englober tous les aspects de la vie financière d’un client, y compris l’assurance, les prêts hypothécaires/de consommation, les investissements, la retraite, la gestion du patrimoine. Elle offre une vision globale qui permet aux consommateurs et aux entreprises de bénéficier de produits financiers personnalisés, d’évaluations de crédit améliorées et d’une gestion financière rationalisée.


[1] L’état de préparation business des entreprises est mesuré en évaluant la stratégie de tarification des paiements instantanés, la stratégie de partenariats pour développer les paiements instantanés, le mécanisme de résolution des litiges, le cadre de gestion des risques, etc. L’état de préparation technologique est mesuré en évaluant la capacité de traitement en temps réel, l’intégration d’API, l’adoption de la norme de messagerie ISO20022, la détection de la fraude par l’IA et la confirmation des données du bénéficiaire. La matrice est basée sur les réponses des responsables des paiements de 15 marchés étudiés : Allemagne, Arabie Saoudite, Australie, Brésil, Canada, Émirats arabes unis, Espagne, États-Unis, France, Hong Kong, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Singapour et Suède.

[2] La finance ouverte (Open Finance) s’appuie sur le concept de banque ouverte (Open Banking) pour englober tous les aspects de la vie financière d’un client, y compris l’assurance, les prêts hypothécaires/de consommation, les investissements, la retraite, la gestion du patrimoine. Elle offre une vision globale qui permet aux consommateurs et aux entreprises de bénéficier de produits financiers personnalisés, d’évaluations de crédit améliorées et d’une gestion financière rationalisée.