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La continuité digitale, ingrédient miracle de la performance des labos

Solène Joulin, Bruno Lassus & Jonathan du Plessis
18 janvier 2024

Pour rester compétitifs sur un marché ultra-concurrentiel, les laboratoires de cosmétiques sont contraints d’innover dans des délais toujours plus courts. La solution ? Adopter une continuité digitale de bout en bout afin de partager la donnée à l’ensemble des équipes, de l’idéation du produit jusqu’à sa mise sur le marché. Un véritable changement de paradigme dans une industrie particulièrement réglementée. Enjeux et méthode.

Pour les laboratoires de cosmétiques désireux de caracoler en tête d’un des marchés les plus concurrentiels du monde, un seul mot d’ordre : proposer de nouveaux produits à un rythme plus soutenu. L’Oréal, leader du marché, commercialise ainsi 4 300 nouvelles formules chaque année, selon LSA. Une exigence d’agilité toujours croissante qui pourrait bien être résolue par une solution miracle : la continuité digitale.

Une course contre-la-montre sur un marché hautement réglementé

La continuité digitale est un processus de collecte, d’agrégation et de mise à disposition de l’ensemble des données d’une entreprise. L’objectif ? Disposer d’une source unique de vérité, accessible à tous les collaborateurs, de manière pérenne. Un atout de poids pour les acteurs du secteur, confrontés à des délais toujours plus serrés pour demeurer compétitifs : entre six et douze mois pour le développement et la commercialisation d’un nouveau produit, contre 18 à 36 mois habituellement.

Dans le même temps, les entreprises doivent adapter leurs formules et leurs produits à des contraintes réglementaires toujours plus strictes, notamment en matière de traçabilité et de durabilité. Illustration avec les crèmes pour le visage et le corps : selon les pays, la liste des ingrédients autorisés ainsi que leur dosage diffèrent. Les laboratoires doivent donc proposer autant de formules qu’il y a de réglementations.

Lab intelligent : la donnée au cœur des enjeux

Pour gagner cette course, la donnée est clé. En premier lieu, elle permet d’assurer en temps réel le contrôle de la conformité (compliance) et la compatibilité des produits avec les contraintes réglementaires. Les gains de temps sont spectaculaires : quand l’information circule dans l’écosystème, les délais liés à la compliance sont divisés par deux, en moyenne.

En parallèle, le traitement automatisé des données liées aux produits ou aux formules permet de se débarrasser des tâches à faible valeur ajoutée comme la saisie d’informations, chronophage et source d’erreurs. Mieux encore, la continuité digitale pallie le turn-over des collaborateurs et optimise la mémoire de l’entreprise en exploitant des données dormantes – celles collectées lors d’expériences antérieures, par exemple –. Elle améliore également la circulation de l’information : un test de formulation effectué dans un pays devient disponible à l’autre bout du monde. Or, plus les informations structurées à partager sont nombreuses, plus le processus de production est accéléré. En matière de durabilité, digitalisation de la donnée et continuité digitale divisent par cinq le nombre d’expériences et de formulations nécessaires pour aboutir à la composition finale d’un produit.

Repenser la chaîne de valeur avec des outils standard

Pour mettre en place une continuité digitale, mieux vaut recourir à des systèmes d’information standard. L’entreprise pourra être plus rapidement autonome et opérationnelle, tout en optimisant son total cost of ownership (TCO) et en optimisant ses coûts de maintenance. 

En parallèle, il est nécessaire de repenser les métiers et de réorganiser la chaîne valeur. La formation des collaborateurs est également clé. Objets connectés, robots, casques de réalité virtuelle pour intervenir sur une machine à distance, formulation assistée, suivi des tests en temps réel, analyse de la data … Autant de nouveaux processus à maîtriser pour transformer les métiers.

Conduite du changement et continuité digitale : les étapes-clés

Toute stratégie de continuité digitale implique de repenser l’ensemble des process internes de l’entreprise. Elle doit s’accompagner d’un change management.

  1. Le cadrage : première étape : définir le cadre et la stratégie globale en réalisant un état des lieux. Quelle est l’ambition de l’entreprise et comment la continuité digitale peut-elle aider à atteindre ses objectifs ?
  2. Cartographier la donnée : quelles données sont saisies et enregistrées ? Qui récupère la data ? Une cartographie de la donnée permet de définir les champs d’action pour éviter toute discontinuité de l’information.
  3. Définir une matrice de priorités : Une fois la cartographie effectuée, reste à définir une matrice de priorités, suivant la colonne vertébrale des programmes de conduite du changement classiques. Les chantiers quick win, rapides à déployer et à forte valeur ajoutée, sont non seulement bons pour le moral mais permettent de poser de premiers jalons vers une transformation digitale plus en profondeur.

Une fois la cartographie effectuée, reste à définir une matrice de priorités, suivant la colonne vertébrale des programmes de conduite du changement classiques. Les chantiers quick win, rapides à déployer et à forte valeur ajoutée, sont non seulement bons pour le moral mais permettent de poser de premiers jalons vers une transformation digitale plus en profondeur.

Mesurer la performance

La performance d’une stratégie de continuité digitale s’évalue grâce à la mise en place de Key Transformation Indicators. Ceux-ci mesurent le temps gagné par chaque opérateur et évaluent le temps passé à des tâches à forte valeur ajoutée. Le time to market et la qualité de la donnée sont ainsi optimisés. De quoi faire la différence sur un marché ultra-concurrentiel, mais aussi fidéliser des collaborateurs formés et concentrés sur le cœur de métier.

Auteurs

Solène Joulin

Senior Sales Manager, Capgemini Engineering
Solène a travaillé 20 ans dans l’industrie cosmétique, en développement et achats packaging, au sein des marques leader du secteyr (L’Oréal, LVMH, Clarins, Estée Lauder). Elle a ensuite été Key Account Manager au sein du Groupe Gerresheimer, pour le compte client L’Oréal. Chez Capgemini Engineering, elle accompagne les clients dans leur transformation, qu’elle soit opérationnelle et/ou digitale, en cherchant la meilleure adéquation entre les savoir-faire de Capgemini Engineering et les besoins des clients.

Bruno Lassus

Senior Presale Manager pour Intelligent Industry
Bruno est en charge d’accompagner nos clients dans la définition de la stratégique opérationnelle, le cadrage et déploiement de projets sur l’ensemble des opérations industrielles. Fort d’un passé dans le conseil en amélioration de performance et également, de mise en œuvre de solutions digitales, Bruno fait le lien entre les besoins métiers de nos clients et les solutions innovantes qui leur apporteront de la valeur.

Jonathan du Plessis

Growth & Performance Lead
Jonathan est Digital Continuity Lead – en charge de la performance et du développement mondial de la practice Digital Continuity.
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