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Lutter contre les stéréotypes de genre à l’école

Capgemini Invent
8 mars 2023
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La Journée internationale des droits des femmes, ce 8 mars 2023, a pour thème l’équité tant dans le travail, le sport, la technologie que dans l’éducation.

Dans une tribune au Monde en décembre 2022, le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, Pap Ndiaye, a évoqué cette exigence de lutter contre « tous les déterminismes sociaux et toutes les assignations ». Au rang de ces dernières, figure l’assignation de genre sur laquelle le ministère souhaite agir par des actions contre les stéréotypes de genre.

Quels sont les enjeux pour les élèves ?

Pour l’UNICEF, un stéréotype de genre se définit comme étant « l’attribution de certains attributs, caractéristiques et rôles aux personnes en fonction de leur sexe ». A titre d’exemple, constituent des stéréotypes de genre le fait de s’attendre à ce que les filles s’orientent vers une carrière d’enseignante ou d’infirmière et les garçons vers les sciences, les affaires ou des carrières d’ingénieur.  Les enfants sont ainsi influencés par ces stéréotypes de genre dès le plus jeune âge. Les stéréotypes peuvent être transmis par un ensemble de parties prenantes : parents, enseignants, écoles ou encore médias.

Ces stéréotypes représentent une externalité négative importante : l’OCDE a démontré qu’ils ont un impact sur la façon dont les enfants développent leur identité et leurs perceptions du monde. Très jeunes, cette influence a lieu sans qu’ils soient capables de reconnaitre cognitivement ces idées préconçues. Lors de l’enseignement primaire et secondaire, ces stéréotypes peuvent influer sur leurs choix éducatifs et donc sur leur place dans le marché du travail. Ce phénomène accentue alors les inégalités entre les sexes déjà présentes dans la société.

“L’école est un haut lieu de socialisation et donc de développement intellectuel, social et affectif pour les jeunes qui y passent en moyenne 18 ans de leur vie“.

Rapport HCE, 2016.

Pour le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), l’école est le premier lieu de circulation de stéréotypes générateurs de sexisme. Il appelle les pouvoirs publics à faire de l’éducation à l’égalité et au respect entre sexes une « priorité absolue ». En effet, le HCE rappelait déjà dans un rapport en 2016 que l’école est « un haut lieu de socialisation et donc de développement intellectuel, social et affectif pour les jeunes qui y passent en moyenne 18 ans de leur vie ». Par conséquent, pour changer durablement les mentalités, l’éducation à l’égalité́ doit débuter dès le plus jeune âge et à l’école.

Quels leviers mettre en place auprès des enseignants et parents ?

Plusieurs dispositifs de politique publique visant à combattre ces stéréotypes ont été mis en place par le Gouvernement. En la matière, le ministère de l’éducation nationale indique que l’ensemble de la communauté éducative est formé. Ainsi, depuis la rentrée 2021, la formation initiale et continue sur l’égalité filles-garçons est obligatoire. Le ministère met également à disposition des personnels des ressources d’auto-formation, comme le guide « Comportements sexistes et violences sexuelles ». Enfin, auprès des parents, le ministère met à disposition la « mallette des parents » qui intègre des outils relatifs à l’égalité filles-garçons, les usages d’Internet et du numérique et la lutte contre le cyberharcèlement.

Il est également intéressant de s’inspirer des bonnes pratiques des autres pays ou institutions qui ont été analysées par l’OCDE. Par exemple, le programme test autrichien Reflect s’est appuyé sur les connaissances des enseignants, leurs méthodes et leurs croyances d’auto-efficacité dans la lutte contre les stéréotypes de genre. De même, auprès des parents, l’organisation australienne Our Watch a développé une plateforme en ligne intitulée Because Why qui fournit un ensemble d’articles, de stratégies et de questions-réponses, articulés autour de la compréhension des enjeux et comment être un acteur du changement dans la lutte contre les stéréotypes de genre.

D’autres leviers paraissent clés à mobiliser :

  • le design des espaces scolaires, en particulier les cours de récréation. Ainsi, les garçons occupent 80% de la surface en s’appropriant l’espace central (le plus souvent, pour jouer au foot), alors que les filles utilisent les marges de la cour avec des jeux impliquant peu de mobilité ;
  • des actions innovantes, comme de nombreuses ont déjà été prises par les académies. Il peut notamment être cité l’initiative de l’académie de Normandie qui a lancé un escape game pédagogique qui vise les représentations et idées fausses qui nuisent à la juste place des femmes dans les formations et les métiers du numérique.

En conclusion, il est important de renforcer la formation du corps enseignants dans la mesure où ce dernier constitue un agent de socialisation puissant dans le maintien des différents stéréotypes de genre à l’école. Ils sont, avec les parents, les moteurs de l’apprentissage et de l’expérience de l’égalité des prochaines générations.  

Un article rédigé par la communauté Education de Capgemini Invent, et plus particulièrement par Scott VILASCO (consultant), Alice ROBICHON (directrice) et Jean-Baptiste PERRIN (vice-président).

Auteurs

Alice Robichon

Directrice Secteur Public, Capgemini Invent
Directrice au sein des équipes secteur public de Capgemini Invent, Alice accompagne plus particulièrement les acteurs de l’éducation et de la culture. Juriste de formation, elle a exercé pendant plus de 10 ans au sein de l’Etat dans le pilotage interministériel de grandes réformes.

Scott Vilasco

Consultant – Capgemini Invent

Jean-Baptiste Perrin

Expert en Innovation Strategy, Marketing & Communications – Public Sector, Capgemini Invent
Jean-Baptiste dirige les activités à impact sociétal et la RSE au sein de Capgemini Invent. Après une première expérience au Département des Finances de la Mairie de New York, il rejoint Capgemini France en 2007. Aujourd’hui, il développe également Purpose en France et à l’international, une agence Public Benefit Corporation qui développe des mouvements de mobilisation collective pour favoriser la construction d’un monde inclusif, durable et solidaire. Jean-Baptiste enseigne à Sciences Po Paris depuis plus de 15 ans.