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La « vraie » 5G arrive, préparez-vous !

Capgemini Engineering
21 Nov 2022
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La 5G a déjà fait couler beaucoup d’encre et pourtant nous n’avons encore rien vu.

En effet, la 5G telle qu’elle est mise en œuvre et commercialisée aujourd’hui n’est qu’une 5G partielle, c’est-à-dire qu’elle n’est déployée que sur sa partie radio. On parle de 5G NSA (Non Standalone Access) par opposition à la 5G SA (Standalone Access), dont l’infrastructure au cœur du réseau est elle aussi bâtie pour la nouvelle norme.

Une transformation du coeur de réseau attendue

C’est précisément au niveau du cœur de réseau que se situent la valeur de la 5G et ses capacités démultipliées par rapport aux normes antérieures, en particulier son très haut débit, sa très faible latence et sa très forte densité de connexion. Retardée pour des raisons techniques autant qu’économiques, la bascule des cœurs de réseau de la 4G vers la 5G est désormais annoncée pour 2023/2024. Jusqu’à présent, le passage d’une norme à la suivante n’avait jamais changé fondamentalement ni le modèle des opérateurs, ni les cas d’usage de la mobilité qui s’en trouvaient seulement facilités. Cette fois, ce sera différent et tous les acteurs doivent se préparer dès maintenant car l’impact sera considérable.

Les capacités exceptionnelles de la 5G SA vont par-dessus tout profiter à l’Internet des objets (IoT). Grâce à elle, il sera possible de connecter davantage de machines entre elles et de leur faire échanger plus de données, plus vite, de façon plus fiable et sur de plus grandes distances. Ceci va permettre aux entreprises d’imaginer et de mettre en œuvre des cas d’usage à côté desquels le Machine-to-Machine (M2M) d’aujourd’hui apparaîtra bien rudimentaire. Par ailleurs, la maturité des technologies cloud et edge permettront de déployer des capacités de traitement avancées au plus près du terrain et à grande échelle. Vont ainsi émerger des applications de rupture dans pratiquement tous les domaines : dans l’industrie (4.0) avec la télémaintenance, l’usine connectée et le jumeau numérique ; dans la logistique, depuis les entrepôts automatisés jusqu’aux robots de livraison ; dans les transports où les véhicules pourront dialoguer entre eux (V2V) et avec les infrastructures (V2I). La ville intelligente, la défense, les drones sont d’autres champs extrêmement prometteurs. Et ces innovations arriveront probablement très vite, si bien que les pionniers de l’utilisation de la 5G bénéficieront quasiment du jour au lendemain d’un avantage concurrentiel énorme.

Enjeux et opportunités pour les entreprises et les opérateurs

Dans l’immédiat, les entreprises doivent réfléchir à la meilleure façon d’aborder cette révolution. Il leur faut évaluer les capacités de la 5G et imaginer ses possibles applications à leur activité. L’une des questions fondamentales sera de déterminer si la cette technologie sera essentiellement pour elles un vecteur d’amélioration (des coûts, de la qualité de service…) ou si elle peut potentiellement leur permettre de réinventer leurs offres et leur modèle. Il faudra aussi étudier les conditions de sa mise œuvre, depuis les premières expérimentations jusqu’au possible déploiement d’un réseau privé. Bref, il y a beaucoup d’interrogations sur la table et les entreprises auront besoin d’accompagnement pour négocier au mieux ce virage qui pourrait leur permettre de prendre plusieurs longueurs d’avance… ou de retard.

Du côté des opérateurs, le besoin d’anticiper ne sera pas moins grand car c’est leur positionnement lui-même qui pourrait se trouver bouleversé. Avec la 5G, deux options s’ouvrent en effet à eux : ou bien ne vendre que de la bande passante, dans la continuité de leur métier historique, ou bien apporter également aux entreprises l’aide nécessaire pour définir et mettre en œuvre les nouveaux usages. Quel que soit leur choix, ils se heurteront cependant à un même écueil : le manque de ressources. Tandis qu’une large part de leurs effectifs restera mobilisée sur la maintenance des générations antérieures, il leur faudra affronter la concurrence des startups et des grands noms du numérique pour recruter des spécialistes de la 5G. Malgré les efforts engagés par l’État pour développer la formation, la pénurie devrait persister. Pour parvenir à déployer malgré tout – et vite – leur cœur de réseau 5G, il leur faudra donc aussi s’appuyer sur de nouvelles méthodes et de nouveaux outils, plus automatisés et plus agiles.

Un autre enjeu majeur pour les opérateurs concernera la consommation énergétique du réseau 5G, un sujet de la plus brûlante actualité et qui a déjà concentré de nombreuses critiques. Le déploiement de la 5G SA va signifier le remplacement des infrastructures cœur de réseau par des technologies plus modernes. Outre des matériels plus efficients d’un point de vue énergétique, les nouvelles possibilités d’automatisation, de virtualisation et d’optimisation dynamique ainsi que l’essor de l’edge computing devraient rendre au final l’infrastructure 5G moins gourmande que ses devancières à volumes constants. Tout dépendra donc des usages et des usagers.

Si la 5G n’a pas très bonne presse, c’est que le produit n’est jusqu’à présent ni abouti, ni vendu à la bonne cible. La « vraie » 5G, celle qui le sera de bout en bout, n’aura du reste qu’un intérêt limité pour la mobilité grand public, à qui la 4G offre déjà des performances remarquables. En revanche, elle sera un game changer pour les entreprises à qui elle ouvrira un immense champ d’innovation. Pour se préparer à ce grand bouleversement, les opérateurs comme les entreprises ont à conduire en peu de temps d’importantes transformations stratégiques, organisationnelles, technologiques et humaines. Pour cela, elles peuvent se tourner vers des experts qui ont d’ores et déjà investi pour appréhender à la fois la dimension technologique de la 5G et toutes ses conséquences business.

Charles-Alexandre De Taisne

Head of Advanced Networks France, Capgemini Engineering

Issam Smida

5G & Advanced Networks Solution Manager, Capgemini Engineering